Topographie historique de la Syrie antique et médiévale
Abstract
Edition Originale
Aperçu sur la cartographie de la Syrie.
»Si la topographie palestinienne antique et moderne, remarquait Max van Berchem en 1902, a fait d'immenses progrès, grâce à l'intérêt tout particulier qu'elle éveille, celle de la Syrie du Nord est loin d'être aussi avancée. Quiconque a voyagé au nord de Damas sait à quel point les cartes et les relations sont incomplètes, souvent contradictoires.« Cette ignorance est fort ancienne ; elle a sa source dans la régression scientifique qui a accompagné l'abandon progressif de la culture grecque.
Un bel effort scientifique avait abouti à l'élaboration du Stadiasme de la Méditerranée, à l'établissement, par l'initiative d'Auguste, de la carte gravée sur le mur du portique d'Agrippa à Rome, et, mieux encore, à la Géographie de Ptolémée. Les siècles qui suivirent ne marquent plus aucun progrès. L'oeuvre du cosmographe Castorius (IVe siècle), connue sous le nom de Table de Peutinger nous représente les cartes qu'on mettait à la disposition des troupes romaines en campagne et qui n'étaient, en somme, que des itinéraires illustrés d'une manière fort conventionnelle. La carte de Madeba, si curieuse par son plan de Jérusalem et les notices qu'elle fournit sur diverses localités, n'est d'aucune utilité pour la Syrie proprement dite.
On doit aux Arabes la reprise des traditions géographiques antiques, d'une part celle de Strabon et de Pline, de l'autre celle de Ptolémée ; mais, en dépit de la vogue que connut alors la science astronomique, les géographes arabes ne dépassèrent guère leurs maîtres. Si, par exemple, ils se sont essayés à la mesure d'un arc du méridien, c'était pour vérifier l'évaluation de Ptolémée. Malgré ses défauts, et parfois ses erreurs, une oeuvre comme celle de Yaqout constitue un monument d'une valeur inestimable et sans rien qui lui corresponde dans le moyen âge occidental. L'ouvrage géographique d'Idrisi, qui est considérable, n'est pas encore complètement ou suffisamment éditée.
Les progrès décisifs furent l'oeuvre des Italiens et, tout spécialement des Génois, au jugement de M. Ch. de la Roncière. Le distingué historien estime, en effet, que la fameuse carte pisane de la Bibliothèque nationale a été, en réalité, établie à Gênes »métropole de la cartographie« »Le véritable savant qui fixa sur la carte les progrès des connaissances génoises fut Pietro Vesconte.«
On lui doit un grand nombre de portulans, notamment ceux datés entre 1311 et 1327, et le vénitien Marino Sanudo lui confia »le soin d'orner de mappemondes le Liber secretorum fidelinm crucis.«
A la suite de Pietro Vesconte, la carte dressée, vers 1367, par les frères Pizigani de Venise et utilisant Marino Sanudo. la carte catalane (1375), celle de Fra Mauro (vers 1459), offrent quelques mentions intéressantes; mais la documentation s'attache tout particulièrement aux côtes. On notera notamment le portulan inséré par Uzzano dans sa Pratica delia mercatura (1442). Lelewel a donné une étude assez confuse de ces documents, mais, en ce qui concerne les côtes de Syrie, Rey a fourni un commentaire judicieux.
On est surpris que d'aussi habiles cartographes n'aient pas eu l'attention attirée vers l'intérieur du pays que les croisades avaient rendu familier et que plusieurs voyageurs avaient exactement décrit. Benjamin de Tudèle avait poussé jusqu'à Salkhad dans le Hauran et Palmyre dans le désert. Les relations du dominicain Brochardt de Mont-Sion (1280) et de Breitenbach (1482) rencontrèrent la plus grande faveur. Le roi d'Angleterre, Henri V, le roi de France, Charles VI, mais surtout le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, chargent Ghillebert de Lannoy (1422) de reconnaître, en vue d'établir leurs ressources militaires, les côtes d'Egypte et de Syrie ainsi que les Dardanelles. Dix ans après, Philippe le Bon confiera une nouvelle mission à Bertrandon de la Broquière (1432-1433) [?]
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